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    Cet amant jadis pliable qui déambulait d'hôtel en hôtel, d'orgasmes perdus en mondes volés, avait beaucoup de temps pour celles qui aimaient ses mains de bébé ou celles qui riaient à ses expressions d'enfant. Il n'aimait pas cette entité d'immatures cassés dans l'espace-temps ; il en souffrait, assurément.

    De ses désirs si forts aux nudités de ces femmes à ce pénis qu'il sentait conquérant, juste miroir de ce qu'il était, cet insatiable impatient amant semblait se trouver ce dans quoi il s'oubliait. Elles aimaient ce feu, par jeu, excitée par l'attente d'être abusées de son ardeur. Lui, différait la pénétration, par jeu, excité. Jouisseur infini aux regards féminins de ce mont de virilité par photographies instantanées, il se sentait pourvu d'un levier à lever l'Everest. Enivré de cette force qui rugit de ses entrailles, de ce liquide qu'il déversait en elles, elles si aimantes de sa frénésie et de sa violence aveugle, elles sortaient épanouies de ses parenthèses.

    Il m'a dit un jour s'être demandé en voyant le sexe détaché de celle ou celle, il ne se souvenait plus laquelle précisément, que si son sexe perdait de sa rigidité, qu'arriverait-il ? Pris de panique atroce, avec reflux et comme si son sexe l'avait entendu, la perte de fermeté arriva. Prophétie ! Toute sa fierté se mettait à dégonfler. Pas question de devenir inutile pensait-il, il persistait à concentrer ses muscles. Que nenni, tout muscle relaxé glisse hors de l'antre. Il avait beau se dire que cela arrive à tout le monde, le plus dur pour lui étant de devenir comme tout le monde.

    Aujourd'hui, il aime. La peur au ventre. Le doute l'envahit même si son sexe se dresse à nouveau. Heureusement, parce qu'il est fortement amoureux. En prime, elle sait comment aviver sa flamme, mettre en érection ses parties génitales, ses attributs amoureux. Elle, elle aime ce combat. Malgré la difficulté du combat, elle sait que leurs jouissances se gagnent. Sa fragilité l'émeut. Elle se sent belle à vivre quelque chose de sérieux, son image de femme commence à apprécier les regards, les mots entendus et son désir à lui en pleine renaissance. Il porte en lui ces répliques subjectives pour les intégrer ensuite et forger la vision de cette nouvelle entité en multiples sentences du voyeurisme à perpétuité. Une dissociation s'opère entre ignorance de l'intérieur et extérieur.

    Il se tient debout sur le sentier de sa propre identité quelque peu déséquilibré par son envie de courir. A moins que ça ne soit elle. Je ne sais plus. Elle le voit cueillir d'un appétit vorace ses baies amères vite oubliées par digestion concentrée pour mieux prendre comme appui sa fragile branche qui soutient son soi en renaissance, et se tenir debout.

    Les boiteux qui jaugent leur entité en sont encore à tester leur propre individualité. Ils se bousculent de fruits sauvages en aune d'appétit et s'accomplissent. Qui d'autre qu'eux se laissent autant aller à se délasser à l'image de leur propre reflet en écho ? Leur sexualité est un chemin et non leur but ; leur esquisse et non une identité ; un fortifiant du miroir de leur âme et non un placebo. 

     

     


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    Quand on est bien usé et que l'on a fait le tour de tous les espoirs,

    Que l'on a trop longtemps vidé ses yeux sur le chemin de la vie droit ou tordu,

    Que l'on ne sait plus bien où l'on pourrait encore poser ses arrières, ses affects et tout le reste,

    Quand on ne souhaite pas enfanter dans avenir proche

    Quand plus rien ne suffit à rien ni à personne et puis la vie nous sépare nous qui nous aimions tant ou un truc dans le genre

    Quand on végètera stoned sur un lit d'hôpital en proie à des rêves morphiniques de bonheurs et d'illusions perdus avec un visage maternel inondant notre aurore débile et cherchant à nous planquer face à nous-mêmes la honte de ce corps en perdition,

    Quand on arrivera aux saintes portes de la mort avec sa gueule luciferienne et quelques moisissures, 

    Que restera-t-il alors ? 


    Quand Nietzsche dit "deviens ce que tu es" cela signifie-t-il que tu dois accomplir la mort que tu portes en toi ?

     

     

     


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