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    Je grimpe les marches et m'approche de la table garnie de boissons et de verres. Tu me sers une liqueur et glisse une paille dans le liquide ambré "à ta santé ma belle !" me dis-tu. J'introduis sans attendre la paille dans mon orifice buccale et aspire le précieux alcool. Un frémissement parcoure mon corps et mes antennes frontales. Signe chez moi de profond plaisir. "Ce nectar de blanchi est divin" te dis-je après avoir vidé mon verre, "où l'as-tu déniché ?"

    Chaque soir je te posais la même question, tu me carressais de plaisir, un sourire décontractais ton visage ascétique, et chaque soir tu me répondais "je ne te le dirais pas, si tu savais où le trouver tu ne viendrais plus chez moi le savourer" Ca t'amusait. Et chaque soir je te répétais "je viens pour le plaisir, ce nectar est une douceur supplémentaire baby" Et nous soupirions pour raffoler de ce genre de cérémonial.

    Les harmoniques de ma voix stridulaient dans l'air tranquille du soir, mais je ne parlais pas, je chantais. Tu frottais ton membre contre mon épiderme, je modulais des sons à imiter la voix humaine et je ne m'en lassais pas. Tu traversais mon corps, contractais tes muscles et apaisait tes pensées par les vibrations que les pores de ma peau émettaient. Nous aurions donné tout ce que nous possédions, et plus encore, pour nous imiter. Nous nous parlions et prenions la peine d'y réfléchir en grimaçant de plaisir pour enfin perdre toute réflexion. De quelle manière j'allais percevoir tes vibrations ? Je n'avais que deux mains, dix doigts, dix pauvres doigts humains à la sensibilité réduite. Tu allais m'apprendre à les déchiffrer en étant sur que j'y arriverais même sans cil vibratile.

    Nos silhouettes semi-transparentes étaient unies jusqu'aux brumes matinales dans ce spectacle holographique. Oublier les intrigues et garder le souvenir obsédant d'un ballet d'ombres, d'une fantasmagorie aux contours irréels, parfois nous nous observions dans les rayons du couchant, le même sentiment d'irréalité effleurait notre conscience. Enivrés par nos parfums nous nous laissions aller à imaginer détenir les clés de nos existences. La mélancolie nous envahissait alors que les brumes matinales nous chuchotaient qu'il était temps de revenir sur terre.

     

    Sans se quitter des yeux je redescendais les marches et par amour je te demandais "mais où as-tu déniché ce nectar de blanchi ?"

    Tu souriais, et par amour tu me répondais "je ne te le dirais pas"

     

     

     

     


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    Parce que ta clope pollue le bitume

    Parce que ton chewing gum colle à mes pompes

    Parce que ton portable innonde mon espace audio

    Parce que tes gosses ont pris le pouvoir

    Parce que toute la semaine c'est Ricard et pétanque

    Parce que de ton chemin de vie tu as perdu le sens

    Parce que la laideur est tout ce que tu es capable de percevoir

    Parce que ta vie est fade

    Parce que elle te fait honte

    Parce que tu te rues sur les plus faibles comme un rapace

    Parce que la différence te fait peur

    Parce que à chaque ressenti tu perds les pédales

    Parce que le quotidien vide prend toute la place

    Parce que tu l'as voulu ainsi,

    Sache que, si tu avais su qu'il s'agit de tracer tes lignes d'horizon possible que tes envies et tes rêves émergent de toi tu n'en serais pas à te demander

     

     

     

     


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    Mon allure d'ange soudoie les douaniers et mon sourire les contrebandiers.

    Et pendant ce temps, avec tes mains aux doigts longs comme des doigts, tu fais disparaître la came et les diamants pour les donner ensuite à ton vieil amant. Il pourrait être ton grand-père et en plus il est irascible, mais c'est plus fort que toi, même si tu te laisses parfois séduire par de jeunes voleurs ou de belles voleuses c'est lui que tu aimes.

    Ma mère ne cesse de me le répéter « cesse donc d'aimer cet amant plus vieux que toi qu'il pourrait être ton grand-père, ouvre donc les yeux ! Ce sont la came et les diamants qu'il veut.
    Mes yeux ouverts ne voient que son image de bellâtre, mes yeux fermés ne sentent que ses mains me caresser. Un jeune voleur vient de passer, je l'ai remarqué. Le vieux mourra dans mes bras, dans moi, sa jouissance sera la dernière. Mes larmes l'imbiberont ce salaud. Je hurlerai ma délivrance à la vue de ses entrailles sanguinolents et me donneront des ailes pour mieux voler vers le jeune voleur.
    Oui, tu l'as remarqué.

    Mais au petit matin tu sortiras de son lit avant son réveil déposant un baiser incertain sur son front épanoui. C'est vers le lit puant de ton bien-aimé fleurant la mort que tu te retourneras contre son corps fripé, que tu te blottiras quand il te dira avec la rudesse de son âge « mais où qu't'as donc été trainer ‘acrée fille de put' ? » Tes lèvres trembleront d'amour et tes yeux brilleront de joie.
    Dans cette agonie splendide il coassera quelque chose, ça te bouleversera, tu arrêteras le vol et tout le reste, tu cesseras cette vie et erreras nue dans les rues. Son regard à la mort t'aura foudroyée, sa voix, bouleversée, ces derniers mots, transpercée plus fort que toute autre matière. C'est à Dieu qu'il parlait et tu as volé cette parole, sa dernière parole.. ton dernier vol.

    Tout ce mystère, ce secret du vieux mort coulera dans mes veines à jamais. Je veux le partager mais rien ne sort, mon flingue et mes apparats ne sont que pacotille.
    Je reste belle avec son aveu à Dieu.
    Départ vers d'autres contrées. Je veux oublier.

    Tes diamants, tu t'ouvres la peau pour les y glisser, ton flingue et tes dernières balles tu t'arraches les yeux avec, tu marches sans but, une piste de sang te rend belle comme une comète, tu es nue, aveugle et défigurée.
    Tous te désirent mais ne peuvent t'atteindre.

    Mes mains rouillées me guident je ne sais vers quel horizon. Je me les suis salies et embellies du sang du vieux, la dentelle blanche de mes jupons l'essuiera bien.

    Tu ne manges plus, ne bois plus et ne dors plus, prophétesse bizarre qui n'intéresse plus que les chiens qui pistent ton sang à ta trace, la folie égare ton esprit et comme la cabale tu deviens dépositaire imparfaite du nom de dieu. Tu baragouines, éructes, mais la vérité se dissimule dans tes élucubrations. Seul celui qui t'aimera et notera nuit après nuit après nuit après nuit tes errances verbales, pourra monter à l'arbre de vie et voir à travers l'océan qui bouche tes yeux. Mais ils ne comprennent pas, sans doute te raillent-ils et sans aucun doute te tiennent-ils pour folle et méprisable. Ceux-là même qui te suivent à la trace et s'abreuvent du sang de tes blessures pareil à des chiens.
    Ceux-là même sont les premiers à ramasser les pierres qui te chasseront de la Cité.

    Moi, la paria, je vous hais, vos entrailles me nourriront et vos pierres ne m'atteindront. Riez, mais riez fort que l'on vous entende et vous reconnaisse en esclaves que vous êtes.

    Hélas comme te voilà perdue, comme ceux qui t'ont aimée, ils peuvent maintenant pleurer ta déchéance. Voilà !
    Toi qui a reçu la lumière de Dieu, tu as les yeux crevés.
    Toi qui a entendu la parole de Dieu tu dispenses des anathèmes à ceux qui te haïssent parce qu'ils ne savent pas aimer.
    En ce lieu qu'il occupe désormais, grande est la tristesse de ce vieux que jadis tu aimas. Sec est ton cœur, froid est ton esprit, ton âme a la sensibilité d'une pierre, maintenant que tu es hors de la Cité, hors de l'humanité, seule face à ton désespoir, le désert te cerne car tes paroles sont sèchent et stériles.

    Plus rien ne me touche tant ma froideur est profonde. Je divague avec cette putain de bouteille à la main. Ma saleté m'est égale. Le jeune qui recevra les diamants me dira que je suis belle, mes yeux s'illumineront pour le voir pleurer de honte d'aimer cette puanteur.
    Je le supplierai de rester, son amour ne peut résister à mon toucher buccale de son pénis en rut.

    Peut-être l'amour ou le désir retrouvé me fera retrouver un semblant de vue. Au début la grisaille sera ma vision et peu à peu la lumière pénètrera mes yeux.
    Peut-être à nouveau, à force d'amour et de désir mes yeux l'irradieront-il, peut être son sexe enragé me redonnera-t-il une voix nouvelle.

    Peut-être par delà la blanche noyade, Dieu émargera-t-il à nouveau.





     


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    Je vais vous parler de Pita

    Pita.
    Elle s'appelle Pita et n'a pas de nom
    Personne n'a jamais su où était née Pita
    Tu peux la dévisager, son reflet brille de toutes contrées, toutes races
    Elle n'est pas vraiment noire blanche ou asiatique
    Tu prends une parcelle de son visage, sa fine chevelure longue et noire qui sent bon les épices par exemple et tu dis « Pita, elle est sud-américaine, vénézuélienne probablement »
    Tu continues la ballade et t'arrêtes sur ses yeux
    Magnifique ses yeux, ils doivent garder en eux tous les secrets de son histoire
    Et là tu arrives en Asie, mais pas au Japon, en Chine plutôt ou au Tibet certains jours
    Ils sont noirs et scintillent d'un bleuté rare
    Sa mâchoire à Pita t'évade en Europe centrale, chez les Balkans
    Une mâchoire solide résistante et fine à la fois
    Capable de résister au pire des K.O
    Son cou à Pita
    Tu devrais voir ce cou
    Une descente aux enfers
    Un appel au sexe
    De son cou au bas du dos, tu te glisses sur une cambrure callipyge
    Ses seins t'emmènent en plein désert
    Doux, chauds, rebondis aperte de vue
    Glacials parfois
    Sauvages
    S'il faut que tu caresses les jambes de Pita, des nuits entières te seront nécessaires
    Halées, luisantes comme le miroir de la vie, comme ses enfants que j'ai croisé au Mexique chez les Chiapas
    Mais il y a une chose que Pita possède sur laquelle aucune contrée ne peut transparaitre, c'est son cœur
    Pita a un cœur d'ange
    Tout le monde chuchote que c'est pour ces raisons que les hommes l'aiment tant


    Moi je dis que son âme est bien plus encore

     

     


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    Le monde demeure perplexe sur la plupart des choses et nos cœurs en sont vides, avides de sensations. Peu crédible, n'est-ce pas ? Car il nous semble que ces sables mouvants qui sont en nous, nés de notre solide morale qui s'en tape (ni les larmes, ni les fans ne modifieront la couleur de nos âmes) nous aimons toi et moi les larmes d'un géant à terre. Nous savourons l'excellent sens du non retour. N'est-il pas dans ce royaume où plus rien n'a de valeur vraie ni les êtres que nous sommes, ni nos âmes que l'on vole? Le plus intime de nos sentiments ? On s'en échappe et quand on se ment et préservons enfouis en nous la foi dont on dépend en dépit d'une idée majoritairement instaurée par la conscience commune en dépouillant les sillons de cette parade, on agit sous nos yeux définissant un projet prodigieusement profitable à une minorité alors que le reste sombre.
    Nous assistons au désastre et eux observent les traces, tapis dans l'ombre un nouvel ordre se fonde. Coule sur nos êtres, parsème de haine notre terre et sentir que tout se fane. De l'extrémisme du fanatisme au libéralisme on proclame un dieu au rang du pardon. On pourrait parler d'idéalistes qui n'entendent que la voix de leur raison. Peuples pris pour cible qui n'ont plus que leur sable pour sécher leurs larmes.
    Mais notre Terre avait-elle un défaut ? Poussés au bout du bout on en paiera le coût. Aujourd'hui la terre nous shoote. La terre tourne naturellement et nous, se terre. On dirige et on détruit dans un calme lourd et lent. Êtres affalés dans le bitume comme enlisés dans l'attente pliés à une évolution rapide mais pas sans conséquences à dire oui sans comprendre, ils en oublient le sens d'une réalité pourtant si évidente.
    Portée au sommet d'une chaîne alimentaire ne nourrissant qu'une parcelle de l'espèce dominante, une idée qui coule au plus profond de nos entrailles, la Terre tient bien lieu de privilège qui n'a pas de règles. Parce qu'à en oublier le prix, nous nous dirigeons droit dans le néant. In extremis, nous pourrions téter une lueur de chance de voir les lumières du soleil en 2090. Brûlés au sein du sein par les chaleurs du feu consumé de nos chairs à même la colère, amène la rage. Souffrant de notre temps où l'évolution prime plus que l'avenir de nos enfants, une genèse, notre espèce paraîtra bientôt éditée comme "sans question"
    Nous parasitons la Terre et à être d'accord avec ça, ça nous vexe. Les industries rigolent, l'écosystème crève et nous, nous nous bardons mais le problème reste. Ce jeu interminable nous enfonce, la face au plus bas dans ce monde décadent.

    Et on décale nos pensées parce qu'on ne peut plus croire que l'homme a sombré en prônant le hasard.

     


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